2.
Sabotage

 

Le 7 août 1968

 

Voilà plusieurs jours que je trie les affaires de Patrick. Ses funérailles ont été célébrées la semaine dernière : tous les membres de Catspaw sont venus, ainsi que quelques sorciers de Waterwind. Je n’arrive pas à croire qu’il est mort, je m’attends encore à ce qu’il descende l’escalier, qu’il m’appelle, qu’il ouvre la porte, un nouveau livre, une nouvelle trouvaille à la main.

Mon amie Nancy m’a demandé si notre différence d’âge – il avait presque quarante ans de plus que moi – avait été difficile à vivre. La réponse est non. C’était un homme magnifique, qui m’aimait et m’a offert son savoir. Aujourd’hui, grâce à lui, mes pouvoirs sont dix fois plus étendus qu’autrefois.

La maison et les affaires de Patrick me reviennent. En parcourant sa bibliothèque, j’ai découvert des livres dont j’ignorais l’existence, des livres qu’il m’avait cachés. Certains ont plus d’une centaine d’années, et je n’arrive pas à les déchiffrer. D’autres sont codés et d’autres encore ensorcelés, si bien que parfois, je ne peux même pas les ouvrir. Je vais demander l’aide de Stella. Depuis qu’elle a pris la tête du coven, j’ai plus que jamais confiance en elle.

Maintenant que Patrick n’est plus là pour accaparer mon attention, je commence à comprendre certaines choses. Je pense qu’il avait parfois recours à la magye noire. Et que certaines de ses connaissances, qui venaient souvent à la maison, puisaient dans les forces obscures. Je ne leur avais jamais vraiment prêté attention. Patrick devait m’avoir jeté un sort pour que je ne me doute de rien. Je peux comprendre sa méfiance, mais j’aurais tellement préféré qu’il me fasse confiance…

Grâce à un contre-sort qui m’a demandé deux heures de concentration, j’ai réussi à ouvrir l’un de ces livres ; il recèle des sortilèges dont Patrick ne m’a jamais parlé : des sorts pour invoquer des animaux, pour transporter son énergie ailleurs, pour agir à distance. Ce n’est pas de la magye noire en soi, cependant les sorts de manipulation sont proscrits par le Grand Conseil. Aucun membre de Catspaw ne voudrait s’y frotter, même si ce sont tous des Woodbane. Moi, par contre, je ne vais pas hésiter une seconde. Si ce savoir existe, pourquoi m’en priverais-je ?

Ce livre est mien, à présent. J’en ferai bon usage.

 

S.B.

 

* * *

 

La nuit, lorsqu’on se retrouve à deux dans une voiture, on a toujours l’impression d’être seuls au monde. Comme lorsque, trois semaines plus tôt, Cal m’avait kidnappée et ensorcelée pour me conduire chez lui. Le souvenir de cette nuit-là me donnait encore des cauchemars.

Mais là, avec Hunter, la situation était tout autre.

Puisque sa mission à Widow’s Vale se poursuivait, il avait acheté une petite Honda d’occasion pour remplacer sa voiture de location. L’espace confiné créait une atmosphère intime et chaleureuse.

— Merci d’avoir soutenu notre proposition, a soudain déclaré Hunter.

— Je pense sincèrement que c’est une bonne idée. J’aime autant savoir ce que font les autres et où ils se trouvent.

Il a émis un petit rire avant de secouer la tête.

— Tu es dure… Il faut que tu réapprennes à faire confiance à ton prochain.

Facile à dire… J’avais fait confiance à Cal, et j’avais failli en mourir. Puis à David… Pourquoi étais-je incapable de voir le mal ? Mon sang Woodbane me l’interdisait-il ?

Et pourtant…

— J’ai confiance en toi, ai-je murmuré.

Après cette confidence, je me sentais plus vulnérable encore. Hunter m’a alors adressé un regard insondable. Sans un mot, il m’a pris la main. Sa peau était fraîche et la caresse de ses doigts sur les miens me semblait étrange, presque déplacée. Alors qu’un tel contact m’avait toujours paru naturel avec Cal.

Malgré mes dix-sept ans, je n’avais eu qu’un seul petit copain : Cal. Quant à Hunter, depuis qu’il m’avait embrassée, je savais que nous étions liés. Cependant, nous étions loin de sortir ensemble.

J’ai inspiré profondément pour tenter de ralentir les battements de mon cœur.

— J’aimerais tant retrouver les sensations que j’éprouvais avant pendant les cercles, ai-je soupiré. Je sais que, pour apprivoiser la magye, il faut atteindre un certain équilibre intérieur. Alors que moi, mes idées sont si confuses…

— Ne t’inquiète pas. La magye pure n’est que clarté et perfection. Au contraire de nous, qui sommes des êtres imparfaits. Lorsque les sorciers font appel à la magye, cela crée nécessairement des zones de friction. Mais toi, quand tu te sers de tes pouvoirs, qu’est-ce que tu ressens ?

J’ai repensé à mes sorts, à mes cercles personnels, à toutes les fois où j’avais lu dans le feu ou utilisé les outils rituels de Maeve.

— J’ai l’impression d’être au paradis, ai-je murmuré. De toucher cette perfection.

— Exactement. Ta relation avec la magye est intacte. Ce sont donc les autres qui brouillent l’équilibre. Tu n’as pas à t’en faire.

— Il n’y a pas que la magye, ai-je continué en essayant de ne pas prêter attention aux frissons que provoquait sa main posée sur la mienne.

Je ne savais pas comment lui dire que mes sentiments étaient eux aussi confus. Je n’arrivais pas à comprendre que je puisse m’intéresser à lui alors que, quelques semaines auparavant, j’étais follement amoureuse de Cal. Pourtant, c’était bien Hunter qui me tenait la main à cet instant et qui, peut-être, allait m’embrasser tout à l’heure.

Soudain, il a pris un virage un peu serré, et je me suis retrouvée plaquée contre lui. À mon grand regret, il a reposé sa main droite sur le volant.

— Waouh, Hunter ! Tu vas un peu vite, non ? l’ai-je taquiné.

— Je n’y peux rien. Les freins ne répondent plus.

— Quoi ? me suis-je écriée en remarquant soudain son expression soucieuse et sa mâchoire crispée.

— Les freins ne répondent plus, a-t-il répété.

Nous étions dans une descente, aux abords de la portion la plus sinueuse de la route. Les panneaux indiquaient qu’il ne fallait pas rouler à plus de trente kilomètres-heure. Nous roulions à quatre-vingts.

Mon cœur s’est mis à marteler ma poitrine.

— Tu devrais peut-être rétrograder ? ai-je suggéré doucement pour ne pas le déconcentrer.

— Oui, mais j’ai peur de déraper. Je pourrais couper le moteur.

— Si tu fais ça, le volant sera bloqué, tu ne pourras plus diriger la voiture…

— Tu as raison…

Le temps s’est comme suspendu. Pendant que Hunter rétrogradait en faisant gronder le moteur, je réfléchissais à cent à l’heure. La route était verglacée. Nous avions bien attaché nos ceintures, mais sa petite Honda ne nous protégerait pas en cas de choc. Mon cœur battait plus fort que jamais, mon sang s’était figé dans mes veines. Lorsque la voiture a cahoté, je me suis agrippée à la poignée de la portière et mon pied s’est jeté sur une pédale de frein imaginaire. Je suis trop jeune pour mourir, ai-je pensé. Je ne veux pas mourir…

Il avait réussi à repasser en troisième. Nous roulions à soixante-cinq kilomètres-heure et le moteur protestait toujours. Dans la descente, le véhicule a repris de la vitesse. Le visage de Hunter était si pâle qu’on l’aurait dit sculpté dans le marbre. Nous avons négocié un virage, puis un autre, et les pneus ont émis un affreux crissement.

Il a encore rétrogradé, ce qui a fait bondir la voiture, qui s’est mise à zigzaguer comme un cheval fou. Alors que nous étions ballottés de gauche et de droite, Hunter a attrapé le frein à main et l’a relevé tout doucement. Ce qui n’a eu aucun effet. Il l’a alors tiré d’un coup sec et la voiture a bondi de nouveau avant de déraper en diagonale vers les arbres qui bordaient la route. En cas de choc, nous n’avions aucune chance de nous en tirer. Toujours cramponnée à la portière, j’ai cessé de respirer, attendant l’impact.

Hunter est passé en première tout en braquant le volant, si bien qu’on a fait une série de tête-à-queue au beau milieu de la route, par chance déserte. Après, il a laissé la voiture dériver vers le bas-côté et, lorsqu’il a jugé que nous avions suffisamment ralenti, il a coupé le moteur. L’instant d’après, le véhicule s’est enfin arrêté, à vingt centimètres d’un énorme sycomore.

Après les crissements des pneus et les rugissements du moteur, seule notre respiration haletante brisait maintenant le silence de la nuit.

— Ça va ? m’a demandé Hunter d’une voix tremblotante.

— Oui, et toi ?

— On s’en tire bien, ça aurait pu être grave.

— Bel euphémisme ! Ça aurait pu être mortel, oui ! Tu sais ce qui a pu se passer, avec les freins ?

— Aucune idée, a-t-il répondu en regardant par la vitre vers les bois qui nous entouraient.

— On est à côté de la route de Riverdale, lui ai-je expliqué. À deux kilomètres de ma maison, environ. C’est aussi par là que je me suis retrouvée dans le fossé avec Das Boot.

— On peut aller chez toi à pied ? s’est-il enquis en enlevant sa ceinture.

— Bien sûr.

Nous avancions côte à côte en silence. Lorsque Hunter a déployé ses sens pour sonder les environs, j’ai compris qu’il n’était pas sûr que les freins aient lâché tout seuls. Je l’ai imité, étendant mes sens au loin comme un filet pour explorer les bois, l’air de la nuit et l’herbe morte sous la neige.

Je n’ai rien repéré. Hunter non plus, à en juger par son expression un peu plus décontractée et son allure plus mesurée.

— Tu crois que cette portion de route est ensorcelée ? lui ai-je demandé en m’arrêtant soudain. Cal et Selene…

— Cal et Selene ont quitté la ville, a-t-il répliqué en posant les mains sur mes épaules. Nous vérifions tous les jours, crois-moi. Le soir de ton accident, tu avais cru voir des phares dans ton rétro, non ? Et tu avais perçu une présence magyque. Ce n’est pas le cas, aujourd’hui. Il s’agit d’une simple panne mécanique. Si tu veux bien, j’appellerai une dépanneuse de chez toi.

— Pas de problème, l’ai-je assuré tout en essayant d’étirer mes muscles endoloris par la tension. Ensuite, je te ramènerai.

— Merci.

J’ai senti qu’il hésitait, et je me suis demandé s’il n’allait pas m’embrasser. Mais il s’est redressé et nous avons repris notre route.

 

* * *

 

Le froid nous poussait à marcher vite. Soudain, Hunter a attrapé ma main et l’a glissée au chaud dans sa poche, avec la sienne. Je l’aurais serré dans mes bras si j’avais été plus audacieuse.

Comme s’il lisait dans mes pensées, il m’a dévisagée. J’ai rougi et j’ai baissé la tête avant de forcer l’allure.

Lorsque nous sommes arrivés chez moi, il était déjà onze heures. Mes parents et ma sœur regardaient un film dans le salon. Pendant que Hunter appelait le dépanneur, je leur ai expliqué qu’on avait eu un petit souci de voiture. Quand je leur ai demandé si je pouvais reconduire Hunter chez lui, ma mère a soupiré :

— Bien sûr. Mais sois très prudente. Je ne sais pas quel est ton problème avec les voitures, Morgan, mais je ne suis pas tranquille quand tu prends le volant…

— Je ferai attention.

Si elle savait la vérité, me suis-je dit, elle aurait de bonnes raisons de s’inquiéter. Il y avait d’abord eu cet étrange accident, peu après la rentrée, lorsqu’une autre voiture m’avait fait sortir de la route. J’avais dit à mes parents que j’avais dérapé sur du verglas. Puis, plus récemment, pour leur expliquer mon pare-chocs défoncé – souvenir du jour où Robbie s’était servi de Das Boot pour défoncer le mur du pavillon de jardin où Cal m’avait enfermée –, je leur avais raconté que j’avais percuté un lampadaire.

Lorsque Hunter et moi nous sommes approchés de ma voiture tricolore, mon cœur s’est serré une fois de plus. Il fallait vraiment que je la fasse repeindre.

À l’intérieur, il régnait un froid polaire et les sièges vintage en vinyle n’arrangeaient rien. Nous avons roulé en silence jusqu’à la petite Honda de Hunter pour y attendre la dépanneuse.

Presque aussitôt, John Mitchell, l’unique dépanneur de Widow’s Vale, est arrivé. Il n’a pas tardé à trouver l’origine du problème : il n’y avait plus de liquide de frein. Ensuite, il a demandé à Hunter de signer un papier et l’a averti qu’il remorquerait la voiture jusqu’au garage de Bob Unser.

— C’est étrange, a marmonné Hunter tandis que je le ramenais chez lui. J’ai fait réviser cette voiture la semaine dernière, quand je l’ai achetée. S’il y avait eu une fuite de liquide de frein, le garagiste m’aurait prévenu.

— Ce qui veut dire ? l’ai-je pressé en sentant la peur m’envahir.

— Ce qui veut dire que nous devons trouver une autre explication, a-t-il conclu en regardant par la vitre.

Dix minutes plus tard, je me suis arrêtée devant la petite maison délabrée qu’il louait avec Sky. La vieille Peugeot noire de Raven était garée le long du trottoir.

— Ça marche, entre Raven et Sky ? ai-je demandé.

— On dirait bien. Elles sont tout le temps fourrées ensemble. Je sais que Sky est une grande fille, mais j’ai peur qu’elle ne finisse par en souffrir.

Son côté protecteur m’a émue.

— Bon, a-t-il lancé en ouvrant la portière, sois prudente sur la route. En cas de problème, envoie-moi un message télépathique. Promis ?

— Promis.

— Je devrais peut-être te ramener avec la voiture de Sky…

J’ai levé les yeux au ciel, je ne voulais pas admettre que le trajet de retour m’inquiétait.

— Ça va aller, ne t’en fais pas.

— Non, attends, je vais chercher les clefs…

— Arrête un peu ! ai-je grondé. J’ai pris cette route des milliers de fois. Je t’appelle en cas de problème, point.

Il s’est rassis et a refermé la portière.

— Tu sais que tu es têtue, Morgan ? Écoute, j’ignore ce qui s’est passé avec ma voiture. Je t’ai dit que Cal et Selene n’étaient pas dans les parages. En réalité, nous ignorons où ils se trouvent et ce qu’ils complotent. Tu pourrais vraiment être en danger.

— Ça va aller, ai-je répété. Arrête de te tracasser pour rien et laisse-moi rentrer chez moi.

Ma détermination me surprenait. M’étais-je jamais montrée aussi directe avec Cal ? Non, j’avais tellement voulu lui plaire que je m’étais toujours montrée conciliante. Avec Hunter, par contre, je me sentais libre d’être moi-même, de lui parler franchement, parce que je ne cherchais pas à l’impressionner.

Il a posé la main sur ma joue.

— Excuse-moi, Morgan. J’ai peur qu’il ne t’arrive quelque chose. Je voudrais te protéger, a-t-il expliqué avec un petit sourire. Tu ne peux pas m’en vouloir pour ça, si ?

Il s’est penché vers moi. Doucement, ses lèvres chaudes ont effleuré les miennes. Nous nous sommes embrassés avec passion, et je me suis senti pousser des ailes. Lorsqu’il s’est écarté, nous étions tous deux à bout de souffle. Il a rouvert la portière et, après avoir secoué la tête comme pour s’éclaircir les idées, il m’a murmuré :

— On se voit demain. Sois prudente.

— OK, ai-je balbutié, la gorge serrée.

Je me suis humecté les lèvres, les yeux braqués sur le pare-brise pour éviter son regard.

Lorsqu’il s’est élancé vers la maison, j’ai failli le rappeler pour me jeter à son cou et le serrer contre moi. Puis il s’est retourné, et je me suis demandé une fois encore s’il n’avait pas lu dans mes pensées. J’ai démarré et je suis partie.

Avec les sorciers, on ne sait jamais à quoi il faut s’attendre.

Le danger
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